Editions 10/18
Collection Littérature étrangère
607 pages
Paru en 2017 pour la version poche
Quatrième de couv’ :
« Maintenant, Julius a les ciseaux. Pourtant la douleur est toujours là. Schwester Mutsch aussi est toujours là. Elle se penche vers lui et lui crache à la figure, puis elle étale la salive sur les lèvres et les paupières fermées du garçon. Espèce d’ordure. Tu n’as aucun droit de vivre. Soit on t’enferme chez les fous, soit le docteur te fait une piqûre. Et voilà que la paire de ciseaux ne se trouve plus dans sa main. Elle flotte dans la lumière bleutée, au milieu des lits et des tables de chevet. Alors il brandit haut l’instrument et l’enfonce dans sa poitrine. Enfin, le silence se fait. Même la lumière bleutée semble s’être éteinte. Puis elle revient. Et avec elle l’insoutenable douleur. »
En 1941, à Vienne, l’hôpital du Spiegelgrund a été transformé par les nazis en un centre pour enfants handicapés et jeunes délinquants. Jour après jour, Adrian, Hannes et Julius, pensionnaires de la maison de redressement, tentent d’exorciser l’horreur. Dans un époustouflant ballet de voix tour à tour intérieures et extérieures, ils racontent l’enfer qu’ils vivent et la mort qui les guette au pavillon 15, ou l’on extermine les « indésirables ».
Mon avis :
Merci à ma petite Caro pour ce livre qu’elle m’a offert à mon anniversaire, c’est le libraire Gérard Collard sur sa chaine Youtube de La Griffe noire TV qui m’a donné envie de le lire :
A l’école on nous a lourdement rabâché les oreilles avec les deux Guerres mondiales du côté des batailles, des soldats et des politiques. Je ne suis pas une fana des récits de guerre par contre en apprendre plus par la petite porte, explorer les zones grises de l’Histoire, ça m’intéresse toujours et c’est le but de ce livre, dans le même esprit, j’avais lu et chroniqué il y a quelques mois Le nazi et le psychiatre : A la recherche du mal absolu par Jack El-Haï qui m’a également bien intéressée.
Pour Les Elus, on découvre un pan de l’Histoire nazie assez méconnu, on a tous entendu parler du programme de création de la race aryenne avec les Lebensborn, mais dans ce livre on découvre l’autre revers de cette même médaille, l’éradication des handicapés mentaux et moteurs ainsi que des jeunes délinquants dans les hôpitaux allemands.
L’histoire se déroule à Vienne, au début des années 1940, à la clinique Spiegelgrund. Pour les enfants, Adrian sera notre protagoniste principal même si on suivra de temps à autre certains de ses camarades comme Hannes, Joeckerl et autres délinquants arrivés là par le biais des services sociaux ou des parents désemparés. En alternance, on suit une jeune infirmière, Anna Katschenka, qui n’est pas du tout nationale-socialiste comme son patron mais fascinée par le Dr Jekelius, elle suivra les ordres sans sourciller outre mesure, elle fera son devoir comme on lui demande mettant sa sensibilité personnelle au placard.
On parle d’euthanasie et de mauvais traitements, des enfants détruits par un personnel inhumain, un suicide, des tentatives de fugue pour échapper à la folie, des expériences médicales autorisées par le gouvernement de Berlin avec une grande majorité de « patients » qui en décèdent. Ce livre est avant tout un témoignage de ceux qui sont sortis de cet établissement grâce à l’invasion Russe mais qui, au fond, sont toujours enfermés entre ces murs. Une fois les Alliés en place et le régime nazi à genou, vient le temps de l’expiation, des procès de ceux qui n’ont fait que leur travail en temps de guerre aussi horrible soit-il car il fallait bien nourrir sa famille et ceux qui s’en sortiront grâce à un bon avocat et un excellent statut social.
En bref, un livre dont on ne peut pas se contenter de dire si on aime ou pas mais simplement un devoir de mémoire important pour ceux qui s’en sont « sortis » mais surtout ceux qui sont morts.
Bonne lecture !
Je le note, et j’espère que ma fille le lira aussi! 🙂
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C’est assez dur, mais pour l’avoir vu en photo sur ton FB elle est grande ^^
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Oui, elle est grande! 🙂
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Ce livre semble bouleversant, mais le devoir de mémoire est si important qu’il faut aussi que je le lise, en me préparant à avoir le cœur bien accroché…
😘
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Oui c’est assez dur et dans le personnel soignant y a de sacrés sadiques 😣
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