Lectures "La tête dans les étoiles", Science Fiction

L’incivilité des fantômes par Rivers Solomon

Editions J’ai Lu Imaginaire 2020

Quatrième de couv’ :

Aster est une jeune femme que son caractère bien trempé expose à l’hostilité des autres. Son monde est dur et cruel. Pourtant, elle se bat, existe, et aide autant qu’elle le peut, avec son intelligence peu commune, ceux et celles qu’elle peut aider. Mais un jour, un type la prend en grippe. Et Aster comprend qu’elle ne peut plus raser les murs, et qu’il lui faut se tenir grande. Sa rébellion est d’autant plus spectaculaire qu’elle est noire, dans un vaisseau spatial qui emmène les derniers survivants de l’humanité vers un éventuel Eden, un vaisseau où les riches blancs ont réduit en esclavage les personnes de couleur. Un premier roman qui prend pour prétexte la science-fiction pour inventer un microcosme de l’Amérique, et de tous les maux qui la hantent, tels des fantômes.

Mon avis :

Ce roman était sorti Aux Forges de Vulcain l’an dernier et cette année il ressort en poche chez J’ai Lu, j’ai mis la main dessus, voyons de quoi il cause et ce que j’en ai pensé :

L’intrigue :

Le vaisseau-monde, le Mathilda a quitté la Terre voici plus de 300 ans avec ce qu’il restait de l’humanité survivante. Le voyage est programmé pour 1000 ans avant d’arriver à destination. Cela fait 25 ans que des coupures de courant ont lieu par intermittence entrainant dans les plus bas niveaux du vaisseau une panne de chauffage qui a de graves conséquences, dans l’indifférence des plus hautes sphères. Aster, de plus en plus révoltée par les violences subies, se sert de son statut de médecin pour fouiner dans le vaisseau sur les traces de sa mère, décédée à sa naissance, pour résoudre le problème de l’électricité détournée et trouver un moyen de fuir cet enfer.

Les thématiques :

La première thématique la plus visible est celle de la violence sociale. Le vaisseau est construit sur plusieurs étages, ces ponts se suivent par ordre alphabétique, eux-mêmes divisés en plusieurs quartiers. Plus on descend plus la population est pauvre, noire et illettrée. A cette violence sociale s’ajoute donc pour ceux qu’on appelle les bas-pontiens, le racisme, et pour les femmes noires, s’ajoutent encore les violences sexuelles. Le système esclavagiste est de retour avec le travail forcé 12h par jour sur les ponts agricoles pour le confort des classes blanches privilégiées.

La seconde thématique est celle de l’importance de ses racines. La mère d’Aster s’est suicidée il y a 25 ans et seuls restent ses carnets que sa fille apprend à déchiffrer avec son amie, Giselle. Cette dernière a mis au jour le code dans lequel sont écrits les carnets ce qui permet à Aster de se mettre en chasse sur les pas de sa mère pour savoir ce qui lui est réellement arrivé et ce qui se trame à bord du Mathilda. Cette quête sera le véritable fil rouge de l’histoire, Lune, la mère d’Aster, hante sa fille tel un fantôme.

Une troisième thématique exploitée est celle du corps et du genre. Aster se décrit souvent comme laide, pas féminine. Elle a subi des opérations pour limiter les risques de viols et leurs conséquences avec une hystérectomie (ablation de l’utérus) et une double mastectomie (ablation des seins), elle ne se sent ni homme ni femme ou en tout cas ces questions n’ont absolument aucune importance pour elle et elle ne comprend pas pourquoi ça l’est pour d’autres personnes. Le Général-Chirurgien Théo est lui aussi peu apprécié, son refus de porter la barbe le rend victime de quolibets sur son manque de virilité, il est soupçonné d’homosexualité mais son statut le protège des violences directes car il est blanc et le fils d’un ancien Souverain du vaisseau, par contre son oncle n’hésitera pas à le violenter psychologiquement en s’en prenant aux personnes qui lui sont proches.

La dernière thématique exposée est celle de la maladie mentale et du handicap. Aster est un personnage qui a du mal à comprendre les gens, elle est souvent confuse devant des paroles ou des actes qui lui paraissent incohérents, on apprend de même qu’elle a prononcé ses premiers mots à l’âge de 8 ans mais pour autant elle excelle dans les matières scientifiques au point d’en être devenue l’assistante du Chirurgien avant d’être elle-même médecin, sans jamais être dit clairement, on soupçonne un syndrome d’autisme à haut potentiel. Ce statut ne la protège pas des mauvais traitements car elle également peu encline à respecter les lois de plus en plus étouffantes. Le personnage de Giselle est également intéressant, c’est une écorchée vive, trop de traumatismes l’ont brisé, Giselle est tour à tour euphorique, agressive, suicidaire, mais surtout en colère, elle possède une rage folle de tout détruire et n’hésite pas à faire preuve de violence autant verbale que physique.

En bref :

Ce fut une lecture dure dans ses thématiques, le roman se lit bien mais vous ne serez pas épargnés par des discours ouvertement racistes ou des violences physiques subies par les personnages, il vous faudra avoir le coeur bien accroché pour aborder cette lecture.

D’autres avis chez : Le Chroniqueur, Laird, Yogo, Orion, Tigger Lilly, Vert, Baroona.

Bonne lecture !

Lecture 22/48

15 réflexions au sujet de “L’incivilité des fantômes par Rivers Solomon”

  1. Ce n’est clairement pas gentillet, mais woh, vraiment une baffe, ou plutôt un grand coup de pied dans le ventre. Je crois que le plus fort pour moi ça reste la relation Aster-Giselle.

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Une petite bafouille ?