Fantastique, Lectures "La tête dans les étoiles"

Walhalla par Graham Masterton

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Editions France Loisirs

416 pages

Paru en 1996

 

Quatrième de couv’ :

Craig et Effie Bellman sont tombés sous le charme de Walhalla, une superbe demeure dans la vallée de l’Hudson. Qu’importe ce que l’on peut raconter sur l’ancien propriétaire, Jack Bélias, milliardaire excentrique et joueur invétéré, qui se serait suicidé dans des circonstances mystérieuses en 1937 ! Qu’importe si la maison est en ruine ! Ils ont décidé de l’acheter et de la restaurer.
Mais, bientôt, des phénomènes étranges commencent à se produire. Craig lui-même est en train de changer. Comme si la personnalité démoniaque de Jack Bélias prenait par moments possession de lui.

Mon avis :

Début septembre j’avais réalisé un petit sondage sur ma page Facebook pour savoir si vous souhaitiez pour Halloween une émission spéciale 100% Graham Masterton ou une spéciale Maisons hantées (mais en fait c’était une 100 % Graham de toute façon hey hey), je suis ravie et surprise que vous ayez voté pour la spéciale Maisons hantées alors même que je vous spécifiais que Walhalla n’était plus édité (mais trouvable en occasion à prix raisonnable entre 0,90 et 6 € le poche, j’ai vu un exemplaire grand format à 18 € aussi mais la majorité était à petit prix). Je l’ai donc relu avec plaisir :

  • Une maison magnifiquement….flippante :

3 mois après « l’accident » de son mari Craig, Effie décide de les emmener en vacances à Cold Spring dans l’Hudson où elle a vécu avec sa famille quand elle était enfant dans l’espoir qu’il remonte psychologiquement la pente. Lors d’une promenade à la recherche d’une brasserie, Effie se souvient d’une auberge où elle allait avec ses parents, la pancarte indique l’auberge Les Chênes rouges et juste au-dessus, Walhalla. Le restaurant est abandonné mais Craig est curieux, tant qu’à faire pourquoi ne pas pousser jusqu’à cette maison qui porte le nom du palais des valeureux guerriers morts au combat dans la mythologie nordique. Arrêtés à l’orée de la propriété par des barrières rouillées, ils ne voient pas la maison mais Craig désire ardemment la visiter. En partant, Effie croit voir une silhouette dans l’ombre de la propriété mais sûrement un éblouissement n’est-ce pas ?

Dès le lendemain, le couple est chez l’agent immobilier qui leur donne les clés de la propriété pour qu’ils aillent visiter tout en tentant de faire changer Craig d’avis devant l’énormité du délabrement de Walhalla. Face à l’enthousiasme de son mari, Effie est prête à tout pour faire durer cet état d’esprit qui lui rappelle l’homme qu’elle a épousé même si la perspective de visiter cette maison en ruine ne la réjouit guère, elle espère qu’une fois le devis des travaux en poche, Craig tourne les talons et abandonne le projet.

Walhalla, une maison atypique au passé chargé : Abandonnée depuis 1956, même Donald Trump a abandonné l’idée de la restaurer. Construite en 1929 par le milliardaire Jack Belias, de style néogothique, elle s’élève sur 2 étages et comporte : 13 chambres, 9 salles de bain, 4 salles de réception dont une salle de bal. La sonnette à l’entrée représente la tête de Coyote (mythe indien) pour « arracher la main à celui qui n’est pas le bienvenu« . Ambiance. Après la disparition de Jack Belias à la fin des années 1930, la propriété a changé plusieurs fois de mains entrainant à chaque fois de curieux phénomènes, suicides, accidents mortels, faillite. Pour la restaurer, prévoir la somme de 1,75 millions de dollars juste pour qu’il ne pleuve plus dans la baraque ^^

  • La masculinité toxique à l’honneur et des femmes qui tentent de s’en sortir :

Relire ce livre après les évènements MeToo m’ont donné une nouvelle perspective et permis d’être bien plus attentive au personnage de Craig, j’avais le souvenir d’un pauvre gars, en fait…c’est un connard ^^ je m’explique :

Craig est avocat d’affaire en droit international qui pue l’orgueil et l’argent et qui trompe sa femme. Après des propos racistes envers le chauffeur de taxi, il s’excuse à peine, pensant que 100 $ suffiraient à acheter la dignité d’un homme. Jeté dehors, il file vers son rendez-vous sous une pluie battante et tombe dans un guet-apens, la bande des Aktuz composée de 3 jeunes l’agresse dans un drugstore désaffecté et pour s’assurer que leur victime ne les suivent pas..le chef de la bande pulvérise le testicule droit et l’égo de Craig d’un violent coup de marteau. On retrouve donc Craig et sa femme Effie 3 mois après « l’accident » car Craig refuse de dire « agression », il est soutenu par sa femme et un psychiatre mais rumine sa colère et sa dépression en refusant d’avancer. Effie doit faire constamment attention à ses mots, ses gestes et doit composer avec le rejet de son mari, la situation devient extrêmement lourde, elle espère que les vacances organisées vont permettre d’apaiser les choses et aller de l’avant. On se trouve donc avec le stéréotype masculin qui pense que le fait d’être un homme se situe sur le plan du service trois-pièces intègre uniquement, avec un refus de la sexualité, qui pense ne plus pouvoir avoir d’enfant (alors qu’un testicule unique fera parfaitement le travail),  il lui faut un coupable, à aucun moment il n’aura de remord envers l’arrogance et les propos déplacés qu’il a eu envers le chauffeur (en aucun cas je ne sous-entends que c’est de la faute de Craig non plus, l’agression reste terrible quelque soit la victime mais le chauffeur n’a aucune responsabilité, malheureusement notre avocat n’est pas de cet avis).

Jack Belias est le dominant par excellence, les femmes ne sont rien à ces yeux certes mais il n’aura aucun respect pour personne. C’est un joueur invétéré qui gagne de grosses sommes, il dépouille et détruit des hommes qui de puissants deviennent miséreux, certains se sont suicidés. Il a bâti une maison à sa mesure, qui clame son rang social et sa puissance. C’est ce qui va appâter Craig en mal de virilité, Walhalla « ne peut convenir qu’à un homme important« , « c’était le sentiment que vous deviez être un homme extraordinaire pour vivre ici« .

Qu’on se rassure, il y a des hommes biens aussi en ce bas monde, j’ai énormément aimé le personnage de Norman, joyeux doux-dingue qui a grandi dans l’ombre de Walhalla. Son rêve a toujours été de restaurer cette magnifique maison et les époux Bellman lui offrent cette opportunité, même si Craig est absolument détestable, Norman vit le présent à fond et n’a qu’une hâte, débuter les travaux. On rencontre également brièvement le coéquipier de Morton, même si de manière assez brève, qui est très heureux et excité à l’idée de devenir père.

Effie est le stéréotype féminin de la femme qui s’est oubliée face à son mari, qui se réveille un matin en se demandant comment elle a pu renoncer à tous ses rêves, ses passions, pour parader au bras de son mari lors des réceptions qu’il donne pour régaler ses clients bien qu’elle reconnait apprécier le train de vie, même si Walhalla lui fait peur et subir des hallucinations de plus en plus terrifiantes elle n’arrive pas à sortir de cette passivité pour contrer son mari. Dès la première visite du manoir, Effie entendra des sanglots déchirants, de la musique et des rires. Pour purifier la maison, elle s’alliera avec Pepper, pur produit de Woodstock, qui est la femme indépendante, la « sorcière », qui sera un levier pour permettre à Effie de sortir de cette apathie qui n’est pas totalement la sienne…

Les sanglots s’accentuèrent, exprimant une angoisse de plus en plus vive, et Effie pensa : Cette fois, je vais vous trouver et vous aider. Quel que soit votre problème, je vais mettre fin à vos pleurs. Cette femme sanglotait comme sanglotent toutes les femmes, le jour où elles comprennent qu’elles sont nées sur une planète d’hommes et qu’elles ne pourront jamais s’échapper. La tante d’Effie, Rachel, avait coutume de dire : « Même les esclaves pouvaient s’enfuir, mais où les femmes peuvent-elles aller ? ».

  • Un mois intense :

On commence l’histoire en mars au moment de l’agression pour sauter ensuite vers le mois de juin et le départ en vacances du couple Bellman dans l’espoir d’aller de l’avant, le tout sera bouclé entre le 17 juin et le 30 juillet autant dire qu’on ne va pas trainer. Avec une scène effroyable à moins de 100 pages, le ton est donné. Il y a certes quelques passages moins haletants pour permettre d’étayer les pensées des différents personnages et revenir sur la personnalité du milliardaire disparu mystérieusement, mais pas au point de dire qu’on s’ennuie, il y a toujours un truc inquiétant. Cette maison construite de manière fort particulière met en résonance les vies antérieures et actuelles, les hallucinations vont faire place au réel…

En bref, j’ai beaucoup aimé replonger dans ce livre que j’avais déjà lu et relu il y a nombre d’années, ça faisait suffisamment longtemps que je ne l’avais pas ouvert et j’ai pu me plonger dans l’histoire avec quelques surprises ainsi qu’une attention particulière au thème développé qui ne m’étais pas apparu aussi flagrant adolescente je pense.

Alors, ai-je réussi à piquer votre curiosité ?

Bonne lecture !

11 réflexions au sujet de “Walhalla par Graham Masterton”

  1. Punaise, tu nous sort une critique d’enfer!!! Ben oui, c’était cool de s’orienter vers maison hantée quand même, cela change de nos habitudes. Il y a une petite saveur nostalgique la dedans.
    Bon, maintenant, c’est malin il me le faut.

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Une petite bafouille ?